lundi 28 mars 2011

Un Etat laic est-il possible en terre d'islam?

Le journal El watan a publié dans son édition d'ajourd'hui en page 5 un article intitulé: "Tunisie post-révolution:la crainte du syndrome algérien".Le "syndrome" algérien dont il est question,c'est la crainte de voir les islamistes profiter de l'ouverture démocratique et récupérer la mise,toute la mise.Selon le journaliste auteur de l'article,le débat sur la laicité est la question qui divise le plus la société tunisienne.Une partie du mouvement associatif ainsi que...les islamistes seraient pour alors que "les conservateurs affichent,quant à eux ,un niet catégorique".C'est quoi,ça le monde à l'envers?les islamistes pour la laicité et leur adversaire contre?l'explication est donnée par Moncef un médecin qui a fait ses études en Algérie:"Même s’ils ne le disent pas ouvertement, les islamistes sont les premiers à tirer profit de l’instauration d’un Etat laïc qui leur permettra d’investir en toute légalité des milliers de lieux de culte qui seront, qu’on le veuille ou non, dévoyés de leur mission".Bon si je comprends bien,il faut un état laic,mais comme les islamistes seront les plus grands bénéficiaires d'un tel état,il ne faut pas instaurer un état laic.La quadrature du cercle,quoi.Enfonçant le clou encore plus il continue plein d'assaurance "Comme la religion est une question sérieuse, le moment n’est pas opportun pour la mettre entre les mains des religieux".On peut aussi dire suivant cette logique que la médecine étant une chose trop sérieuse,il n'est pas question de la mettre entre les mains des médecins,que la justice ne doit pas être mise entre les mains des juristes ou bien que la gestion des centrales nucléaire doit être enlevée des mains des spécialistes en fission.tout juste après le journaliste donne la parole à Nahed une jeune journaliste qui ne serait pas "à l’instar de la majorité des femmes tunisiennes, de cet avis".Quel avis?j'ai beau chercher dans ses déclarations,je ne vois pas très bien la nuance qui la sépare de son concitoyen médecin.jugez-en par vous même: "Aujourd’hui, la laïcité constitue pour nous une exigence, car on ne peut pas parler d’une égalité totale dans les droits entre les deux sexes dans un Etat où il y a séparation entre le religieux et le politique .Pour barrer la route aux islamistes qui font tout pour revoir de fond en comble le code du statut personnel (CSP), on doit bien étudier le point relatif à la gestion des mosquées, lieu d’endoctrinement. En les laissant entre les mains des islamistes, ces espaces deviendront à coup sûr des usines à fabriquer des fanatiques qui deviendront inévitablement des terroristes".Choix cornélien en effet:comment profiter des "bienfaits" de la laicité tout en évitant de mettre en place un système véritablement laic c'est-à-dire séparant le politique du religieux comme c'est le cas de la France ou des USA?
En somme,cette attitude est à rapprocher de la célèbre prière de Saint-Augustin,l'algéro-tunisien(quelle coincidence!):"ô Dieu,accordez-moi la chasteté,mais pas encore ".Nos laics convaincus diraient "ô Dieu,accordez-nous la laicité,mais pas encore ".
Ces atermoiements de deux laiques tunisiens convaincus sont très représentatifs des contradictions des champions de la laicité dans tout le monde arabo-musulman.Ces contradictions peuvent se résumer en une équation quasi-insolvable:Comment soutenir la mise sous tutelle de la religion et des lieux de cultes par l'Etat sans donner quelque part raison à la thèse fondamentale de l'islamisme politique à savoir qu'en terre d'Islam,Etat et religion ne peuvent être séparés?
En attendant une réponse satisfaisante,les islamistes tunisiens,qui sont avec ceux de Turquie,parmi les plus intelligents et les plus en avance du monde musulmans, continueront à être en faveur de la laicité sans que leurs adversaires puissent leur opposer une réponse réellement cohérente.

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