mercredi 9 mars 2011

Faux débat

Tout le bruit fait en Algérie actuellement autour de l'ouverture de l'audiovisuel au privé me fait penser au tintamarre fait par certains partis d'opposition au sujet de la levée de l'Etat d'urgence.Au lieu de poser le problème général des lois scélérates introduites depuis 1991 sous couvert de lutte contre le terrorisme et dont le decret instituant l'état d'urgence n'est qu'un des aspects,ces partis se sont focalisé sur le seul état d'urgence.Le pouvoir a eu après ça beau jeu d'annoncer sa levée,tout en maintenant les lois en question et en introduisant d'autres qui limitent considérablement la portée de cette mesure.En prenant cette décision,le pouvoir a fait d'une pierre deux coups:il a coupé l'herbe sous les pieds de ses opposants en plus d'avoir allégé considérablement les pressions internationales (notamment américaines) pour que ce dispositif d'exception soit levé.
D'ailleurs,dans la semaine qui a suivi sa levée,le ministre de l'intérieur a justifié le maintien de l'interdiction des manifestations publiques par une loi datant de décembre 1991(deux mois avant la promulgation de l'état d'urgence) permettant au wali d'interdire une manifestation ayant lieu sous sa juridiction.
Le même scénario est en train de se répéter avec le débat sur l'ouverture de l'audiovisuel.Au lieu de poser la problématique de la mainmise du pouvoir politique sur l'audiovisuel public et les moyens à mettre en place pour faire de la télevision et de la radio d'Etat de véritables services publics reflètant fidèlement les convulsions de la société et ouverts à toutes les forces politiques,on focalise le débat uniquement sur la question de l'ouverture au privé,alors qu'on sait parfaitement que du fait même des investissements très lourds que nécessite la création de chaîne tv privées,ce sont uniquement quelques grands hommes d'affaires(qui ont tous pour point commun d'être proches de clans du pouvoir)qui pourront se lancer dans "l'aventure".
On l'a bien vu en Tunisie et même en Egypte,les quelques chaînes privées autorisées n'ont joué aucun rôle dans les revolutions qui ont éclaté dans ces pays.Au contraire,dans le cas de l'Egypte elles ont joué un rôle de dénigrement de l'opposition et de propagande en faveur du pouvoir qui n'avait rien à envier aux chaines étatiques.

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