lundi 7 février 2011
Elle devrait inaugurer le changement en démissionnant de son poste de sénatrice (désignée) et prendre une retraite bien méritée
La célébration en 2012 du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie est, selon Zohra Dirf Bitat, vice‑présidente du Conseil de la nation, l’occasion d’engager un débat sur le devenir du pays. « Dans la vie d’une nation, cinquante ans d’existence, c’est important. Nous devons nous arrêter et nous pencher sur ce que cinquante ans de souveraineté et de liberté ont apporté au peuple. On va faire un bilan. Ce bilan doit être fait dans la transparence. Nous en avons besoin », a‑t‑elle déclaré, lundi, sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale.
« Nous devons mettre tout à plat, voir d’où nous sommes partis, où nous sommes arrivés, où on pouvait faire mieux et où on a mal fait. Il faut engager une discussion franche entre tous les acteurs qui ont participé à l’évolution du pays. Ce débat doit se faire entre Algériens, loin de toute influence », a-t-elle souligné. Une attention particulière doit, selon elle, être accordée aux jeunes. « N’oubliez pas que 70 % de la population algérienne est composée de jeunes. Il faut essayer de savoir pourquoi les harragas, qui prennent un risque fou en traversant la Méditerranée en plein hiver, partent. Que cherchent‑ils en partant ? Et que veulent‑ils exprimer ? », s’est‑elle interrogée.
Elle a également abordé la question de la qualité de l’enseignement en Algérie et a appelé à un débat sur ce secteur. « Le produit sorti à la fin d’un cursus a‑t‑il une qualité comparable à ce qui existe sur le plan international ? », s’est‑elle encore interrogée. Elle a trouvé inexplicable le fait que la crise du logement perdure en dépit de tous les programmes de construction engagés ces dernières années et « des sommes extraordinaires versées » pour financer ces projets. Elle n'a pas écarté l'idée d'un échec et a exhorté le gouvernement à cesser avec la politique du chiffre. « On nous donne des chiffres, on nous dit tant de choses ont été faites, il y a des milliards de dinars qui ont été engagés dans tel domaine… Une avalanche de chiffres qui ne me parle pas. Je vis la réalité du pays. Et au regard de ce qu’on engage et de ce qu’on dit être mis comme masse d’argent et les résultats, il y a une disproportion », a constaté Zohra Drif Bittat. Il est impératif, selon elle, de chercher les causes de ce décalage. « Est‑ce dans le fonctionnement des institutions ? Est‑ce dans les choix de programmes ? Est‑ce dans le système éducatif et le niveau de l'enseignement ? Nos gouvernants doivent commencer à discuter des causes. Il faut d’abord identifier ce qui ne va pas et pourquoi ça ne va pas », a‑t‑elle noté.
Elle a salué la récente décision du président Bouteflika de lever l’état d’urgence. « J’espère que cela augure d’un changement radical dans la façon d’exercer le pouvoir chez nous et de répondre aux aspirations des jeunes. Le pays a changé. Il faut que tous les acteurs soient en adéquation pour avancer », a‑t‑elle dit. Elle n’a pas manqué de souligner que l’état d’urgence est limitatif des libertés dans le pays. « Les gouvernements successifs ont manipulé la question de l’état d’urgence de telle manière qu’elle a eu un impact négatif sur la société civile et sur le champ politique », a‑t‑elle relevé.
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