Commençons,cher monsieur,par corriger une grossière confusion que vous avez commis dans votre chronique d'aujourd'hui(23 mai 2011) intitulée "l'antikabylisme comme programme politique".Le Tahar Benaicha interviewé récemment par El Khabar n'a rien à voir ni de près ni de loin avec Ahmed Benaicha l'emir de l'AIS.T.Benaicha est un professeur d'université à la retraite,bien connu des milieux intellectuels arabophones.Idéologiquement,il est de tendance "islamo-gauchiste",une orientation idéologique assez répandue parmi les intellectuels arabophones de sa génération.Je sais que la "muraille" qui sépare intellectuels francophones et arabophones en Algérie est presque aussi infranchissable que le mur de Berlin,mais ce n'est pas une excuse suffisante pour un journaliste qui tient une chronique quotidienne dans un journal à grand tirage.
Mais passons au coeur du sujet:vous êtes scandalisé qu'un "Chef terroriste" (en fait un prof d'université arabisant,mais peut-être s'agit d'un acte manqué,la langue arabe étant un "vecteur" du terrorisme pour certains),donne le nom de son fils au tueur de Kahina.Vous auriez pu ajouter,si vous aviez lu son entretien,qu'il a aussi donné le nom d'Itimad à sa fille en hommage à l'épouse du monarque et grand ami des arts et des lettres andalou Al Moutamid Ibn Abbad(1040-1095) traitreusement destitué et exilé jusqu'à sa mort au Maroc par les berbères Almoravides.Mais je parie que vous n'êtes pas du tout inquiété par les dégats que pourrait provoquer chez beaucoup d'algériens le fait que certain donnent fièrement le nom de Koceila à leurs enfants en hommage au tueur de Okba,ou bien le chanteur Matoub qui a déclaré peu avant sa mort que "Okba devait être considéré comme un ennemi de l'Algérie" au même titre que Bugeaud,Lamoricière ou Massu.Il faut dire que chez vous,l'indignation ne fonctionne que dans un sens.
Vous passez ensuite à votre dada favori:le dénigrement de l'arabisme qui serait la cause de tous les malheurs de l'Algérie.Mais cette fois,vous passez à un stade supérieur,l'anathème et l'excommunication."L'arabisme est un antinationalisme".Préparez les bûchers.Vous poussez même,le bouchon jusqu'à décréter que la kabylie "serait le terreau de la conscience identitaire".Le autres régions du pays(99% du territoire et 90% de la population) seraient au mieux les victimes consentantes d'un lavage de cerveau identitaire,au pire des traitres à la Nation et à son Histoire.
Quant au prétendu fait que l'arabisme procéderait par exclusion,c'est soit de l'ignorance,soit de la mauvaise foi de votre part.Cela fait au moins un quart de siècle que les tenants de l'arabisme ont renoncé à "arabiser" de force les berbères qui ne veulent pas l'être.Depui,au moins la fin des années 80,leur discours se résume à "Nous sommes arabes,et ceux qui ne veulent pas l'être sont libres de leurs choix".Par contre,et cela je le sais par expérience,le discours berbériste qui a toujours été "l'Algérie est berbère.La langue arabe est et doit être considérée comme une langue étrangère" n'a pas changé d'un iota.Dès sa première irruption,en 1949,le berbérisme s'est lui-même défini plus comme un anti-arabisme que comme une demande de reconnaissance légitime d'une revendication culturelle,comme c'est le cas pour l'identité kurde,basque ou bretonne.Lors de la fameuse crise berbériste de 1949,le courant berbériste à invité la direction du PPA à "abandonner la fiction d'une Algérie arabe"(ce qui,soit dit en passant,écorche sérieusement votre thèse d'une revendication arabiste imposée par le pouvoir en 62 sous l'influence de Nasser qui était encore un simple jeune officier inconnu en 49 ou du Baath qui venait à peine d'être fondé en Syrie).Cette identité "négative" (qui se définit beaucoup plus par ce qu'elle n'est pas que par ce qu'elle) et donc vide continue jusqu'à présent à carcériser ce courant.On continue toujours à entendre dans les marches des slogans du genre "corrigez l'histoire,nous ne somme pas arabes".Ce vice originel du berbérisme est le principal handicap qui entrave la marche du berbérisme,et l'idéologie arabiste n'y est absolument pour rien.D'ailleurs,la revendication autonomiste du MAK,que vous présentez comme une réaction naturelle à l'anti-kabylisme officiel est en fait le résultat d'un constat limpide fait au début des années 2000 par une frange de la mouvance berbériste:à savoir que la revendication identitaire berbère en tant qu'alternative radicale de remplacement à l'identité arabe n'a rencontré aucun écho en dehors de la kabylie.Ils en ont tiré les conséquences qui s'imposaient en fondant un mouvement autonomiste qui est en train de se transformer petit à petit en mouvement séparatiste.C'est aussi simple que cela.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
J'aprécie votre attachement a rester correcte intélectuellement...Je voudrais rebondir sur la revendication autonomiste, le MAK et le GPK...
RépondreSupprimerVous évoquez le berbérisme et je suis moi sincérement d'accord avec votre analyse..notament lorsque vous affirmer qu'une frange du mouvement berbériste s'est rendu compte (enfin!) que ce mouvement n'était essentiélement que Kabyle..Je suis moins d'accord avec vous lorsque vous affirmer qu'il sagit là, ni plus ni moins qu'un mouvement séparatiste, avec toutes les connotations négatives que le terme puisse avoir, surtout dans un "pays" nationaliste a outrance...Pour parler de séparatisme, il faudrait qu'il y est d'abord unicité..Permétez moi de ne pas voir en algérie d'unicité..ni culturel, ni linguistique, ni sociologique, ni autre..!
Pourrions-nous en discuter plus longuement sur nos boite mails ?
nilmar_ol@hotmail.com
Cordialement,
Hand Amestán FELLAG