mardi 6 septembre 2011

wikileaks au pays de mikileaks(part II)

Le portrait en creux d'une Algérie à la dérive

Les centaines de câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks depuis maintenant près d’un an, et dont la dernière série a été mise en ligne ces derniers jours, montrent à quel point l’image de l’Algérie, et plus particulièrement auprès des Américains, a évolué ces vingt dernières années. Les premiers câbles publiés, datent de la fin des années 80. Ils sont en effet essentiellement consacrés à la place de l’Algérie dans le monde arabe et en Afrique du Nord. Ils détaillent les positions de la diplomatie algérienne mais aussi son rôle de médiateur incontournable sur de nombreux dossiers, comme le conflit israélo‑palestinien, le Liban, les soucis causés par la Libye de Kadhafi, etc. Pour les États‑Unis, l’Algérie est un pays clé pour « avancer nos pions dans le monde arabe ». Un câble de 1986 révèle d’ailleurs que les diplomates américains en poste à Alger conseillent à Washington de rechercher à « améliorer nos relations bilatérales ». A cette époque, la diplomatie algérienne travaillait sérieusement et l’Algérie avait encore son mot à dire sur plusieurs dossiers.

Ces câbles tranchent avec ceux qui suivent à partir des années 2000. Dès lors, l’Algérie n’intéresse plus tellement les Américains en tant que pays de référence dans sa politique dans la région MENA, excepté sur quelques questions, comme le nucléaire iranien. De fait, la diplomatie algérienne n’occupe plus réellement le devant de la scène dans les évènements qui secouent la région ces dix dernières années. En revanche, ce qui intéresse beaucoup plus les Américains concernant Alger, ce sont les questions liées au terrorisme, à la situation politique interne, à la politique économique et ses conséquences pour les intérêts américains dans le pays, à la situation des droits de l’homme, à la liberté de la presse ou encore aux affaires de corruption. Tout indique que l’Algérie est plus aujourd’hui un pays qui préoccupe par ce qui se passe à l’intérieur de ses frontières que pour son intérêt diplomatique.

Ce constat montre à quel point, en quelques années, la perception de l’Algérie s’est considérablement dégradée sur la scène internationale. L’Algérie n’est plus considérée comme un pays ayant une stratégie claire et respectée – les derniers évènements en Libye l’illustrent une fois de plus – mais comme un État à la gestion opaque, où les évènements sont à analyser avec beaucoup de précautions et même de méfiance. En 20 ans, l’Algérie est passée du statut de pays respecté et écouté pour ses positions sur les dossiers régionaux et internationaux à celui de pays gangréné par la corruption et affaibli par la mauvaise gestion. Le terrorisme est certes passé par là et il est en partie responsable de cette situation. La mauvaise gestion et la corruption des dirigeants et des élites ont fait le reste.(tsa-algerie.com)

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