Et dire que 120 milliards de dinars sont alloués annuellement pour prendre en charge l’hygiène....
netcom emploie 10 000 agents et utilise 2000 camions de ramassage d’ordures.
Il n’y a rien de mieux qu’un jugement extérieur pour faire un constat sans complaisance de la ville dans laquelle on vit au quotidien, notamment lorsqu’on est, comme c’est le cas d’Alger, peu pourvus de moyens de comparaison. Quand bien même il se serait gravement dégradé, le cadre de vie peut en effet paraître, comme cela semble être le cas dans pratiquement toutes les villes algériennes, mais davantage encore à Alger, comme une fatalité quasi naturelle que les habitants, souvent accusés d’en être à l’origine, devraient assumer sans trop se plaindre. Vivant reclus (peu d’Algériens ont effectivement la chance de voyager régulièrement à l’étranger), les citoyens n’ont pas la possibilité d’effectuer des comparaisons avec d’autres villes du monde, où avec beaucoup moins de moyens on parvient pourtant à organiser des cadres de vie beaucoup plus viables que ceux qu’ils sont contraints de subir dans leurs lieux de résidence.
L’enquête internationale que vient de publier le magazine The Economist Intelligence Unit, portant sur le cadre de vie de 140 grandes villes du monde, Alger y compris, arrive à point nommé pour apporter ces instruments de comparaison qui faisaient défaut et rendaient les gestionnaires de nos villes (maires, walis, services d’hygiène, etc.) inattaquables par une large frange de l’opinion publique mal informée.
Alarmantes à plus d’un titre, les conclusions de cette étude devraient au minimum constituer un motif de réflexion en vue d’une profonde reconsidération des modes de gestion appliqués dans notre capitale à grands frais et sans résultats probants. Il y a urgence à le faire, car le classement d’Alger au tout dernier rang (136e place) des villes où il fait bon vivre, devrait susciter chez les principaux concernés (ministre de l’Intérieur, wali, maires et services d’hygiène notamment) un sursaut patriotique salvateur visant à redorer le blason de la capitale ternie par cette appréciation internationale, dont on ne peut malheureusement pas nier l’objectivité. Figurer parmi les 10 villes au monde où il ne fait pas bon vivre, n’est à l’évidence pas à l’honneur de ses dirigeants qui ont failli à leurs missions.
Le rapport pointe en effet du doigt une trentaine de critères d’appréciation défaillants (la stabilité sociale et politique, l’accès aux soins médicaux de qualité, la culture, l’environnement, l’éducation et les infrastructures), parmi lesquels ceux de l’hygiène et de la sécurité par lesquels Alger ne brille pas au point de lui coller le qualificatif peu flatteur de ville parmi les plus sales et les moins sûres au monde.
Un constat que les Algérois ont du mal à comprendre eu égard au niveau de dépenses (environ 120 milliards de dinars par an), aux effectifs (près de 10 000 employés Netcom, APC et autres entreprises d’intervention, au minimum 50 000 policiers, gendarmes et autres agents de sécurité) et, bien entendu, aux moyens matériels considérables (plus de 2000 camions, véhicules et engins disponibles).
«Si on avait réellement la volonté d’utiliser à bon escient cette force de frappe, ce n’est pas Alger qui serait au top niveau en matière d’hygiène et de sécurité, mais toute l’agglomération algéroise», nous a affirmé une source ministérielle parfaitement au courant du problème, ajoute-t-elle quelque peu amère. Un ministre, que nous avons directement questionné sur le sujet, nous a répondu par un étonnant : «Connaissez-vous une seule capitale propre grâce au travail de ses seuls habitants ? Il faut, affirme-t-il, se rendre à l’évidence que dans toutes ces villes classées parmi les plus propres, ce sont des travailleurs étrangers qui sont chargés de pratiquement toutes les missions d’hygiène.»
Quant à la sécurité des Algérois gravement mise à mal par la petite délinquance (la lutte contre le terrorisme est prise en charge par d’autres structures), d’aucuns pensent, à juste titre, qu’il est tout à fait possible de la ramener à des proportions acceptables, pour peu que les effectifs pléthoriques des services de sécurité soient orientés en priorité à la résorption de ce fléau qui empoisonne la vie des Algérois. Avec ses propres entreprises ou au moyen de sous-traitants nationaux et étrangers, Alger doit impérativement faire sa toilette et réduire la petite délinquance à la portion congrue. L’Etat a indéniablement joué pleinement son rôle en mettant à la disposition de la wilaya et des communes concernées les moyens humains et financiers requis. Il en a même un peu trop mis. On peut, toutefois, lui reprocher de ne pas demander régulièrement aux responsables, directement chargés de la gestion de la capitale des comptes quant à l’utilisation de cette gigantesque manne financière et l’efficience des résultats obtenus.
Pour information, ce sont des villes canadiennes et australiennes, à l’instar de Melbourne, Sydney, Adelaïde, Perth, Vancouver, Toronto et Calgary que l’enquête semestrielle d’Economist Intelligence Unit classe parmi les 10 premières villes au monde où il fait bon vivre. La troisième place a été réservée à la capitale autrichienne Vienne, la septième à la ville finlandaise Helsinki et la dixième à Auckland la capitale de la Nouvelle-Zélande. Contre toute attente, Paris ne figure qu’à la 16e place, Tokyo à la 18e, Londres à la 53e et la ville la mieux classée des Etats-Unis, à savoir Honolulu, n’occupe que la 26e place. Alger figure parmi les bons derniers, à côté de Tripoli (Libye) et Harare (Zinbabwe) qui clôturent le classement.(ElWatan)
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