Hadj Omar Mahdad, ancien vice-président du sénat issu du groupe du tiers présidentiel a dit, dans une lettre adressé au secrétaire général du FLN, et dont El Khabar a obtenu une copie, toujours se rappeler celui qu’il a décrit comme un ami, feu le colonel Mohand Oulhadj dire un jour à Cherif Belkacem « le FLN n’est pas une propriété privé mais le bien de tous les algériens ».
Mehdad a précisé dans sa lettre à Belkhadem que « l’amitié et le respect que vous porte son excellence le président ne doit pas être utilisé par ceux qui veulent entrainer l’Algérie dans un épisode violent », ajoutant que la manière la manière dont vous géré la crise du parti sera un facteur important dans les résultats et la forme de la prochaine instance législative en plus de l’identité du prochain président. Le sénateur Mahdad a conseillé à Belkhadem de « se libérer de toute fonction gouvernementale afin de prendre les choses en main au sein du FLN et de recouvrer son autorité sur son parti sinon il devra démissionner ». Omar Mahdad a déclaré s’adressant à Belkhadem que « la crise qui perdure au sein du FLN poussera de nombreux militants à se tourner vers le nouveau parti du pouvoir, que ce soit le nouveau parti du président ou le parti qui remportera les prochaines échéances, considérant que les militants des partis politiques algériens sont des militants du pouvoir sans engagement politique ». Omar Mahdad a indiqué, très confiant, que le prochain président de la république ne sera pas du FLN », « je vous donnerais le nom proposé par le régime comme candidat à la présidence de l’Algérie lorsque je vous croiserais lors de vos vacances estivales dans la ville de Marsa Ben M’hidi à Tlemcen »a-t-il dit s’adressant à Belkhadem, ce qui laisse penser que la lettre a été adressé au secrétaire général du FLN cet été. Omar Mehdad n’a pas manqué de rappeler à Belkhadem qu’un nombre important de membres du comité central du FLN avait voté à la majorité pour l’exclusion de Bouteflika du comité central.
mercredi 5 octobre 2011
El Khabar:Lé régime a déjà choisi le futur président algérien
Laissez-moi deviner:Son prénom commence par un A et son nom par un O,et c'est un habitué des sales besognes comme il l'a lui même avoué n'est-ce pas?
Schizophrénie
Le titre de l'article paru à la une du journal El Watan d'aujourd'hui(5 octobre 2011) est un véritable chef-d'oeuvre de schizophrénie!Qu'on en juge:"Débits de boissons alcooliques:la fetwa et la fitna de El Hachemi Sahnouni".La schizophrénie réside dans le fait que l'auteur de l'article,Hacen Ouali, a eu recours dans un seule phrase à deux imaginaires culturels totalement différents et même carrément hostiles l'un à l'autre.D'abord en utilisant de manière très malveillante le terme "fetwa",un vocable issu de la jurisprudence islamique,mais qui évoque depuis 1989 et la fameuse fetwa condamnant à mort l'écrivain Salman Rushdie émise par l'Ayatollah Khomeiny,des souvenirs très inquiétants dans le subconscient occidental.Pour les citoyens du monde occidental "fetwa" est devenu synonyme de condamnation à mort,alors que pour un musulman,ce terme a une signification beaucoup plus vaste.Curieusement,c'est la première signification qui est reprise habituellement par une bonne partie de la presse francophone algérienne influencée par les "standards" culturels parisiens.D'ailleurs,il serait très intéressant de répertorier tous les termes repris tels quels par cette presse sans aucun travail "critique" préalable(le terme "transalpin",très largement utilisé par cette presse pour désigner l'Italie, est le premier mot,même si c'est le plus anodin,qui me vient à l'esprit:on n'a pas besoin d'être calé en géographie pour savoir qu'un algérien n'a pas besoin de traverser les Alpes pour se rendre en Italie).Pour revenir donc au mot "fetwa",ce terme est habituellement utilisé par la presse francophone algérienne,imitant en cela son homologue parisienne,avec une connotation très péjorative.Quelqu'un qui émet un "fetwa"(qu'il soit homme politique,homme de religion ou intellectuel) est un ennemi de la paix civile et même un suppôt potentiel du terrorisme.Peu importe que le lectoral auquel est destiné cette presse soit à 99% musulman et a donc une perception totalement différente de ce mot.
Le deuxième imaginaire auquel a recours l'auteur de l'article est l'imaginaire arabo-musulman:en effet,le terme "fitna" a une signification très profonde dans l'inconscient arabo-musulman.Il évoque la "Grande Fitna" entre Ali et Mouawiya et le profond déchirement du monde musulman qui en a résulté.Le message véhiculé par le titre est aussi évident que la profonde schizophrénie qu'il trahit:en émettant une prétendue fetwa infame(mais pourquoi la répétion?toute fetwa est par essence infame dans ce milieu-là),l'imam Sahnouni s'est rendu coupable d'une grave atteinte à l'ordre public et d'une incitation à la violence.
Peu importe après celà que le tract lancé n'est en rien une fetwa(la fetwa prohibant l'alcool a été émise il y a plus de 1400 ans) et que les citoyens n'ont pas attendu cet appel pour se révolter contre ces débits de boissons qui sont une véritable menace à la quiétude des riverains.Peu importe aussi que les reporters de cette même presse(dont El Watan) a vainement cherché la main des islamistes dans les émeutes contre les débits de boissons sans jamais les trouver.
P.S:le mot"fetwa" lui-même est un condensé de cette schizophrénie.A Paris,on dit plutôt"fatwa",un terme qui a,comme je l'ai déjà dit une connotation très inquiétante.On se souvient qu'en 2005 lorsqu'un dirigeant d'une association musulmane a rendu publique,croyant bien faire, une "Fatwa" interdisant aux jeunes des banlieues de participer aux violences qui ravageaient à cette époque la France,tout l'establishment politico-médiatique français s'est élevé contre cette initiative en raison justement de l'usage délibéré du mot "Fatwa" dans cette prise de position,bien qu'elle appelait au retour au calme.Chez nous,le microcosme médiatique algérois a recours à la transcrition algérienne du mot("fetwa" avec un "e" au lieu de "a" et qui évoque donc quelque chose de tout à fait différent)tout en lui donnant un sens...parisien
Le deuxième imaginaire auquel a recours l'auteur de l'article est l'imaginaire arabo-musulman:en effet,le terme "fitna" a une signification très profonde dans l'inconscient arabo-musulman.Il évoque la "Grande Fitna" entre Ali et Mouawiya et le profond déchirement du monde musulman qui en a résulté.Le message véhiculé par le titre est aussi évident que la profonde schizophrénie qu'il trahit:en émettant une prétendue fetwa infame(mais pourquoi la répétion?toute fetwa est par essence infame dans ce milieu-là),l'imam Sahnouni s'est rendu coupable d'une grave atteinte à l'ordre public et d'une incitation à la violence.
Peu importe après celà que le tract lancé n'est en rien une fetwa(la fetwa prohibant l'alcool a été émise il y a plus de 1400 ans) et que les citoyens n'ont pas attendu cet appel pour se révolter contre ces débits de boissons qui sont une véritable menace à la quiétude des riverains.Peu importe aussi que les reporters de cette même presse(dont El Watan) a vainement cherché la main des islamistes dans les émeutes contre les débits de boissons sans jamais les trouver.
P.S:le mot"fetwa" lui-même est un condensé de cette schizophrénie.A Paris,on dit plutôt"fatwa",un terme qui a,comme je l'ai déjà dit une connotation très inquiétante.On se souvient qu'en 2005 lorsqu'un dirigeant d'une association musulmane a rendu publique,croyant bien faire, une "Fatwa" interdisant aux jeunes des banlieues de participer aux violences qui ravageaient à cette époque la France,tout l'establishment politico-médiatique français s'est élevé contre cette initiative en raison justement de l'usage délibéré du mot "Fatwa" dans cette prise de position,bien qu'elle appelait au retour au calme.Chez nous,le microcosme médiatique algérois a recours à la transcrition algérienne du mot("fetwa" avec un "e" au lieu de "a" et qui évoque donc quelque chose de tout à fait différent)tout en lui donnant un sens...parisien
samedi 1 octobre 2011
République ou Ripou-blique?réponse à Boubakeur Hamidechi
Vous vous demandez,cher monsieur,dans votre chronique parue aujourd'hui pourquoi il n'y a pas eu de débat contradictoire préalablement à la tenue du référendum du 29 septembre 2005.Je ne sais pas si vous en rendez compte,mais un tel questionnement vous met en flagrante contradiction avec toute la "philosophie" ayant présidé à la rédaction de la chronique,d'après ce que j'ai cru comprendre.
Vous commencez d'abord par citer une déclaration récente de l'historien Mohamed Harbi appelant à "réexaminer dans la clarté la notion du vivre-ensemble".Une opinion qui ne semble pas de votre goût puisque vous semblez y voir une dangereuse invitation (aux islamistes,laiques etc...)à s'asseoir autour d'une table pour discuter notamment de la place de la religion dans la société.Pour vous la question est tranchée:pas besoin ni de débat contradictoire ni de table ronde:toute cette question n'est rien d'autre que le résultat du "laxisme idéologique" du pouvoir des années 80.Il faut bien se décider:le rôle du pouvoir politique est-il de laisser libre cours au débat au sein de la société(ce que vous appelez péjorativement "laxisme idéologique") ou bien de trancher de manière autoritaire les questions sociales et politiques?
Ensuite vous passez en revue le bref intermède démocratique(88-91) décrétant au passage que l'islamisme " substituera tout naturellement le fusil à la délibération démocratique",ce qui est une grossière contrevérité historique,pour rester poli,pour qui a vécu cette période trouble.Vous ne savez pas ou bien vous faites semblant de ne pas savoir que l'entrée dans la clandestinité des islamistes est intervenue après l'arrêt du processus électoral et non avant?Que l'ouverture des camps d'internement du Sahara est intervenue avant que les premiers attentats aient eu lieu?Que les pensionnaires de ces centres ont été arrêtés pour l'écrasante majorité à leur domicile,à la sortie de la mosquée ou pendant qu'ils étaient tranquillement en train de siroter un café dans un café de quartier ,en tout cas pas les armes à la main?
Persistant dans une logique qui vous est propre vous affirmez:"Et c’est seulement au lendemain de 1992 que consensuellement les institutions de la République organiseront la riposte au plus fort de la guerre quasi civile qu’il livra à la population".De quelles "institutions de la république" parlez-vous?Celle d'une poignée de généraux qui ont profité de la confusion pour régler de vieux comptes et pour mettre sous coupe réglée le pays l'Etat et surtout l'économie du pays?Il serait intéressant pour vous de lire cet extrait d'un entretion accordé récemment à Algeria-Watch par Ghazi Hidouci ex-ministre de l'économie et l'une des toutes premières victimes de ce "consensus républicain"."J’évoque ceux dont j’ai gardé le plus vivement la mémoire des noms et de l’action, mais il en est bien d’autres, cadres d’entreprises et fonctionnaires, qui, comme ceux que j’ai nommés, ont joué un grand rôle dans la définition de ces fameuses réformes, sans gestion d’image ou de fonds de commerce ni en demande de reconnaissance sociale. Autant de cadres honnêtes et compétents qui, après 1991, ont été marginalisés ou contraints à l’exil. Le pouvoir les a remplacés par celles et ceux qui peuplent aujourd’hui les rangs d’un « non-État » ne fonctionnant plus que par les prébendes et les compromissions."C'est dire que ce "consensus républicain",n'était pas seulement destiné à barrer la route du pouvoir aux vilains islamistes,mais aussi et surtout à se débarrasser d'une équipe de technocrates réformistes très compétents qui étaient fermement décidés à faire sortir l'économie algérienne du système de rente à celui d'une économie productrice de richesses,une persepective qui effrayait sérieusement les tenants du "consensus républicain" à leur tête Nezzar,Belkheir et Touati.La suite,on la connait,la violence instrumentalisée,bien sûr,mais aussi et surtout la destruction methodique de tout le dispositif législatif adopté pendant l'ère des réformes,l'économie du conteneur et un général(Nezzar)qui ne connait rien aux questions financières qui prend tout seul la décision de pousser l'Algérie au rééchelonnement de la dette extérieure malgré les supplications du gouverneur de la banque d'Algérie de l'époque A.Keramane,en principe la personne la mieux informée de l'état réel des finances du pays. Dans l'Algérie du "Consensus républicain" on s'accommode bien de la confusion des compétences.Mais pourquoi faire la fine bouche?l'essentiel n'est-il pas d'avoir "sauvé le pays"des méchants islamistes quitte à le jeter entre les mains de rapaces sans foi ni loi?
Enfin,à la fin de l'article,vous découvrez subitement les vertus du "consensus et de la négociations"quand vous parlez du référendum de 2005."Le consensus et la négociation" pour annuler les élection de 1991,ce n'est pas nécessaire.Tout comme il n'est pas nécessaire de passer par des négociation pour fixer définitivement la place de l'islam dans la société.Dans tous ces cas,il ne s'agit pas de "passages en force".Cette épithète ne s'applique qu'au réferendum sur la réconciliation nationale.
Mail envoyé Boubakeur Hamidechi en réponse à la chronique parue dans le Soir d'Algérie du 1 octobre 2011 reproduite ci-dessous:
6 ans de réconciliation:le chantage des résiduels
En marge du colloque organisé récemment par El Watan, l’historien Mohamed Harbi évoquait, dans un entretien, la nécessité de réexaminer dans la clarté la notion du «vivre-ensemble» afin de dénouer la crise qui mine le pays depuis un quart de siècle.
A l’évidence, la prudente litote dont il fait usage pour parler de nos fractures désigne sans les nommer nos rapports contradictoires avec tout ce qui représente la place de la religion dans le fonctionnement de l’Etat et les nuisances de ses factions djihadistes dans la paix sociale. Sans doute que les référents de la religion dans la définition même de l’Etat remontent à la source et sont soulignés par les différentes constitutions. Sauf que dans la praxis, ils sont devenus comminatoires à partir des années 1980. Et que le laxisme idéologique du pouvoir permit l’éclosion d’une revendication parallèle au sein du système monolithique qui décrétera alors que seule la religion était l’alpha et l’oméga de la nation. Alors l’Islam en tant que spiritualité devint l’Islamisme alternatif avec tout ce que connotent de péjoratifs les suffixes en «isme». Sans trop s’attarder sur le rôle néfaste de la mosquée, transformée en tribune pour l’imprécation, ni également décrire par le détail le formatage pédagogique de l’école livrée sans partage à un corps d’enseignants «coranisés» et obtus, il faut dire que c’est grâce à ces deux leviers que l’islamisme était parvenu à diffuser une autre perception de la nation. Celle qui ne peut se concevoir en dehors du strict communautarisme religieux. En somme, la profondeur de la crise nationale a pour origine principale la faillite du «novembrisme» originel, mal interprété sûrement, mais surtout fâcheusement détourné par une camarilla d’apparatchiks. En effet, le grand virage du parti unique lors de ses deux congrès de la décennie 1980 n’y fut pas pour peu de choses. La montée en puissance d’une idéologie de substitution très tôt qualifiée de «salafia – baathiste» livrera le FLN à la pire dérive fasciste. Ce sera la première victoire de l’islamisme. Dès lors, celui-ci ne fera que consolider ses bastions dans l’appareil d’Etat jusqu’à imposer ses normes au plus modeste commis du service public. Sans lésiner sur les procédés d’intimidation, il demeurera cependant à l’ombre jusqu’à sa légalisation politique au lendemain du 5 octobre 1988. Par la suite de quelques péripéties l’ayant opposé à une résistance, encore dans les limbes, il substituera tout naturellement le fusil à la délibération démocratique jusqu’à ce que les Algériens découvrent ce que cache son populisme. Une alternative barbare qui ne fait plus de quartier dans ce huis clos qu’est devenue l’Algérie. L’incurie de l’Etat sous le chadlisme crépusculaire l’y avait encouragé d’une certaine manière. Et c’est seulement au lendemain de 1992 que consensuellement les institutions de la République organiseront la riposte au plus fort de la guerre quasi civile qu’il livra à la population. C’est donc à la stratégie du «tout sécuritaire» que le pays doit sa survie et partant l’échec du djihadisme local consommé. Or Bouteflika, dès son investiture, avait estimé que la réponse militaire était insuffisante même si à un moment elle était nécessaire. La paix, selon lui, doit passer impérativement par le sas du dialogue politique. Sa démarche, d’abord «concordataire» (septembre 2000) puis «réconciliatrice » (la charte de septembre 2005) a-t-elle aujourd’hui installé durablement le pays dans un «vivre ensemble» serein ? Certainement pas si l’on prête vaguement l’oreille au silence assourdissant du régime qui n’ose plus en célébrer les bienfaits même les jours anniversaires, comme ce 29 septembre. Car si l’on se réfère aux analystes sérieux(1), toute la philosophie de Bouteflika s’est, en quelque sorte, diluée dans «une construction juridique qui se voulait astucieuse (plutôt) que dans un édifice fondé sur une véritable négociation et un véritable consensus». Effectivement, le document de la charte a été en son temps perçu par les spécialistes comme un chef-d’œuvre de rhétorique politicienne où s’entremêlent l’imprécision et les poncifs. En un mot, la périphrase pour le rendre obscur. Entre autres exemples celui concernant les terroristes qui, sous la plume inspirée des rédacteurs, deviennent des «individus» (sic) ayant une «activité armée» ! Même des distinguos sont de mise qui insistent sur la nature de leur exaction, voire sur la possibilité de l’extinction des poursuites. Mieux ou pire, le vocable «amnistie», qui était soigneusement évacué de la loi 2005, est aujourd’hui dans l’usage officiel, selon Maître Ksentini, le porte-plume des droits de l’homme du président(2). Quant à la négociation et au consensus, ces deux préalables indiscutables dans pareil cas, ils furent solubles dans la mascarade référendaire qui n’est rien d’autre qu’un passage en force sous nos latitudes. Autrement dit, l’impératif débat contradictoire qui doit précéder le lapidaire choix entre un «oui» et un «non» est le seul qui valide tout plébiscite. Or, le 29 septembre 2005 n’a jamais été la consécration de ce genre de délibération. C’était donc de la politique du fait accompli qu’était née notre illusion de paix. Six années plus tard, que reste-t-il de celle-ci ? Statistiquement ceci : 13 attentats majeurs entre 2007 et août 2011 occasionnant 256 morts et 635 blessés( 3). Une hypothétique stratégie à laquelle s’accroche le pouvoir en recourant à la méthode Coué ! Celle qui veut toujours nous convaincre que le terrorisme est «résiduel» chaque fois qu’il frappe.
B. H.
(1) – Lire l’interview de Mohamed Chafik dans Liberté du 29 septembre.
(2) – Voir Le Soir d’Algérie du 29 septembre à propos des déclarations de Farouk Ksentini au sujet de l’amnistie.
(3) – Source des statistiques Liberté du 29 septembre.
Vous commencez d'abord par citer une déclaration récente de l'historien Mohamed Harbi appelant à "réexaminer dans la clarté la notion du vivre-ensemble".Une opinion qui ne semble pas de votre goût puisque vous semblez y voir une dangereuse invitation (aux islamistes,laiques etc...)à s'asseoir autour d'une table pour discuter notamment de la place de la religion dans la société.Pour vous la question est tranchée:pas besoin ni de débat contradictoire ni de table ronde:toute cette question n'est rien d'autre que le résultat du "laxisme idéologique" du pouvoir des années 80.Il faut bien se décider:le rôle du pouvoir politique est-il de laisser libre cours au débat au sein de la société(ce que vous appelez péjorativement "laxisme idéologique") ou bien de trancher de manière autoritaire les questions sociales et politiques?
Ensuite vous passez en revue le bref intermède démocratique(88-91) décrétant au passage que l'islamisme " substituera tout naturellement le fusil à la délibération démocratique",ce qui est une grossière contrevérité historique,pour rester poli,pour qui a vécu cette période trouble.Vous ne savez pas ou bien vous faites semblant de ne pas savoir que l'entrée dans la clandestinité des islamistes est intervenue après l'arrêt du processus électoral et non avant?Que l'ouverture des camps d'internement du Sahara est intervenue avant que les premiers attentats aient eu lieu?Que les pensionnaires de ces centres ont été arrêtés pour l'écrasante majorité à leur domicile,à la sortie de la mosquée ou pendant qu'ils étaient tranquillement en train de siroter un café dans un café de quartier ,en tout cas pas les armes à la main?
Persistant dans une logique qui vous est propre vous affirmez:"Et c’est seulement au lendemain de 1992 que consensuellement les institutions de la République organiseront la riposte au plus fort de la guerre quasi civile qu’il livra à la population".De quelles "institutions de la république" parlez-vous?Celle d'une poignée de généraux qui ont profité de la confusion pour régler de vieux comptes et pour mettre sous coupe réglée le pays l'Etat et surtout l'économie du pays?Il serait intéressant pour vous de lire cet extrait d'un entretion accordé récemment à Algeria-Watch par Ghazi Hidouci ex-ministre de l'économie et l'une des toutes premières victimes de ce "consensus républicain"."J’évoque ceux dont j’ai gardé le plus vivement la mémoire des noms et de l’action, mais il en est bien d’autres, cadres d’entreprises et fonctionnaires, qui, comme ceux que j’ai nommés, ont joué un grand rôle dans la définition de ces fameuses réformes, sans gestion d’image ou de fonds de commerce ni en demande de reconnaissance sociale. Autant de cadres honnêtes et compétents qui, après 1991, ont été marginalisés ou contraints à l’exil. Le pouvoir les a remplacés par celles et ceux qui peuplent aujourd’hui les rangs d’un « non-État » ne fonctionnant plus que par les prébendes et les compromissions."C'est dire que ce "consensus républicain",n'était pas seulement destiné à barrer la route du pouvoir aux vilains islamistes,mais aussi et surtout à se débarrasser d'une équipe de technocrates réformistes très compétents qui étaient fermement décidés à faire sortir l'économie algérienne du système de rente à celui d'une économie productrice de richesses,une persepective qui effrayait sérieusement les tenants du "consensus républicain" à leur tête Nezzar,Belkheir et Touati.La suite,on la connait,la violence instrumentalisée,bien sûr,mais aussi et surtout la destruction methodique de tout le dispositif législatif adopté pendant l'ère des réformes,l'économie du conteneur et un général(Nezzar)qui ne connait rien aux questions financières qui prend tout seul la décision de pousser l'Algérie au rééchelonnement de la dette extérieure malgré les supplications du gouverneur de la banque d'Algérie de l'époque A.Keramane,en principe la personne la mieux informée de l'état réel des finances du pays. Dans l'Algérie du "Consensus républicain" on s'accommode bien de la confusion des compétences.Mais pourquoi faire la fine bouche?l'essentiel n'est-il pas d'avoir "sauvé le pays"des méchants islamistes quitte à le jeter entre les mains de rapaces sans foi ni loi?
Enfin,à la fin de l'article,vous découvrez subitement les vertus du "consensus et de la négociations"quand vous parlez du référendum de 2005."Le consensus et la négociation" pour annuler les élection de 1991,ce n'est pas nécessaire.Tout comme il n'est pas nécessaire de passer par des négociation pour fixer définitivement la place de l'islam dans la société.Dans tous ces cas,il ne s'agit pas de "passages en force".Cette épithète ne s'applique qu'au réferendum sur la réconciliation nationale.
Mail envoyé Boubakeur Hamidechi en réponse à la chronique parue dans le Soir d'Algérie du 1 octobre 2011 reproduite ci-dessous:
6 ans de réconciliation:le chantage des résiduels
En marge du colloque organisé récemment par El Watan, l’historien Mohamed Harbi évoquait, dans un entretien, la nécessité de réexaminer dans la clarté la notion du «vivre-ensemble» afin de dénouer la crise qui mine le pays depuis un quart de siècle.
A l’évidence, la prudente litote dont il fait usage pour parler de nos fractures désigne sans les nommer nos rapports contradictoires avec tout ce qui représente la place de la religion dans le fonctionnement de l’Etat et les nuisances de ses factions djihadistes dans la paix sociale. Sans doute que les référents de la religion dans la définition même de l’Etat remontent à la source et sont soulignés par les différentes constitutions. Sauf que dans la praxis, ils sont devenus comminatoires à partir des années 1980. Et que le laxisme idéologique du pouvoir permit l’éclosion d’une revendication parallèle au sein du système monolithique qui décrétera alors que seule la religion était l’alpha et l’oméga de la nation. Alors l’Islam en tant que spiritualité devint l’Islamisme alternatif avec tout ce que connotent de péjoratifs les suffixes en «isme». Sans trop s’attarder sur le rôle néfaste de la mosquée, transformée en tribune pour l’imprécation, ni également décrire par le détail le formatage pédagogique de l’école livrée sans partage à un corps d’enseignants «coranisés» et obtus, il faut dire que c’est grâce à ces deux leviers que l’islamisme était parvenu à diffuser une autre perception de la nation. Celle qui ne peut se concevoir en dehors du strict communautarisme religieux. En somme, la profondeur de la crise nationale a pour origine principale la faillite du «novembrisme» originel, mal interprété sûrement, mais surtout fâcheusement détourné par une camarilla d’apparatchiks. En effet, le grand virage du parti unique lors de ses deux congrès de la décennie 1980 n’y fut pas pour peu de choses. La montée en puissance d’une idéologie de substitution très tôt qualifiée de «salafia – baathiste» livrera le FLN à la pire dérive fasciste. Ce sera la première victoire de l’islamisme. Dès lors, celui-ci ne fera que consolider ses bastions dans l’appareil d’Etat jusqu’à imposer ses normes au plus modeste commis du service public. Sans lésiner sur les procédés d’intimidation, il demeurera cependant à l’ombre jusqu’à sa légalisation politique au lendemain du 5 octobre 1988. Par la suite de quelques péripéties l’ayant opposé à une résistance, encore dans les limbes, il substituera tout naturellement le fusil à la délibération démocratique jusqu’à ce que les Algériens découvrent ce que cache son populisme. Une alternative barbare qui ne fait plus de quartier dans ce huis clos qu’est devenue l’Algérie. L’incurie de l’Etat sous le chadlisme crépusculaire l’y avait encouragé d’une certaine manière. Et c’est seulement au lendemain de 1992 que consensuellement les institutions de la République organiseront la riposte au plus fort de la guerre quasi civile qu’il livra à la population. C’est donc à la stratégie du «tout sécuritaire» que le pays doit sa survie et partant l’échec du djihadisme local consommé. Or Bouteflika, dès son investiture, avait estimé que la réponse militaire était insuffisante même si à un moment elle était nécessaire. La paix, selon lui, doit passer impérativement par le sas du dialogue politique. Sa démarche, d’abord «concordataire» (septembre 2000) puis «réconciliatrice » (la charte de septembre 2005) a-t-elle aujourd’hui installé durablement le pays dans un «vivre ensemble» serein ? Certainement pas si l’on prête vaguement l’oreille au silence assourdissant du régime qui n’ose plus en célébrer les bienfaits même les jours anniversaires, comme ce 29 septembre. Car si l’on se réfère aux analystes sérieux(1), toute la philosophie de Bouteflika s’est, en quelque sorte, diluée dans «une construction juridique qui se voulait astucieuse (plutôt) que dans un édifice fondé sur une véritable négociation et un véritable consensus». Effectivement, le document de la charte a été en son temps perçu par les spécialistes comme un chef-d’œuvre de rhétorique politicienne où s’entremêlent l’imprécision et les poncifs. En un mot, la périphrase pour le rendre obscur. Entre autres exemples celui concernant les terroristes qui, sous la plume inspirée des rédacteurs, deviennent des «individus» (sic) ayant une «activité armée» ! Même des distinguos sont de mise qui insistent sur la nature de leur exaction, voire sur la possibilité de l’extinction des poursuites. Mieux ou pire, le vocable «amnistie», qui était soigneusement évacué de la loi 2005, est aujourd’hui dans l’usage officiel, selon Maître Ksentini, le porte-plume des droits de l’homme du président(2). Quant à la négociation et au consensus, ces deux préalables indiscutables dans pareil cas, ils furent solubles dans la mascarade référendaire qui n’est rien d’autre qu’un passage en force sous nos latitudes. Autrement dit, l’impératif débat contradictoire qui doit précéder le lapidaire choix entre un «oui» et un «non» est le seul qui valide tout plébiscite. Or, le 29 septembre 2005 n’a jamais été la consécration de ce genre de délibération. C’était donc de la politique du fait accompli qu’était née notre illusion de paix. Six années plus tard, que reste-t-il de celle-ci ? Statistiquement ceci : 13 attentats majeurs entre 2007 et août 2011 occasionnant 256 morts et 635 blessés( 3). Une hypothétique stratégie à laquelle s’accroche le pouvoir en recourant à la méthode Coué ! Celle qui veut toujours nous convaincre que le terrorisme est «résiduel» chaque fois qu’il frappe.
B. H.
(1) – Lire l’interview de Mohamed Chafik dans Liberté du 29 septembre.
(2) – Voir Le Soir d’Algérie du 29 septembre à propos des déclarations de Farouk Ksentini au sujet de l’amnistie.
(3) – Source des statistiques Liberté du 29 septembre.
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