jeudi 7 juillet 2011

Pourquoi je ne défends pas la cause de Mohamed Gharbi

Le site dna-algerie.com vient de publier une tribune du militant politique Amine Menadi intitulée "Pourquoi je défends la cause de Mohamed Gharbi" que je reproduis ici in-extenso avant d'y répondre.

Pourquoi je défends la cause de Mohamed Gharbi

Un collectif de jeunes algériens a organisé lundi 4 juillet, vieille de la fête de l’indépendance, un rassemblement devant le siège de l'organisation nationale des Moudjahidine (ONM) pour réclamer la remise en liberté de Mohamed Gharbi, condamné pour avoir tué un terroriste en 2001. Amine Menadi, 29 ans, sans emploi, est le fondateur d’Algérie pacifique, un groupe citoyen né sur le réseau social Facebook. Ce texte est une opinion dans laquelle il explique pourquoi il s’est engagé dans la défense de la cause de Mohamed Gharbi.
“La vraie question serait plutôt : « Comment un Algérien ne se bougerait-il pas pour Mohamed Gharbi ? ».
Depuis la naissance du collectif pour la libération de Mohamed Gharbi, je me suis contenté du statut de simple sympathisant. Si la question m’interpellait, je n’ai pas pour autant franchi le pas pour m’engager dans la défense de cet homme. Je me suis résolu à sortir de mon égoïsme pour en finir avec le sport national par excellence, en l’occurrence « l’indifférence ».
Comment rester indifférent quand des milliers de jeunes dans la rue crient leur colère et leur mal-vie. Comment rester indifférent quand le pouvoir algérien réduit cette colère à une simple contestation pour la flambée des prix de l’huile et du sucre ?
Peut-on se taire quand des ministres et des officiels algériens traitent leurs jeunes sujets (car c’est comme ça qu’ils les considèrent) de voyous et de barbares ?
Il y a tant de raisons qui poussent un Algérien normal, et donc en hibernation prolongée, à sortir de son mutisme et à crier haut et fort : « Nous ne sommes pas dupes, nous ne sommes pas des aveugles…..Nous sommes juste un peu fatigués ! Voire très fatigués de ce pouvoir et de ceux qui le squattent depuis 49 ans.»
Je suis né vingt ans après l’indépendance. Et depuis 29 ans, je ne vois que les mêmes têtes qui nous gouvernent. Et j’ai comme l’impression qu’eux y seront toujours quand nous nous serions déjà partis.
Dans cette lutte pour une Algérie meilleure, des cas nous interpellent ; et dieu sait qu’ils sont nombreux. Des innocents qui croupissent en prison, des prisonniers d’opinion, des médecins qui réclament un statut, des chômeurs qui veulent un emploi, des jeunes qui s’immolent par le feu…
Et bien sûr, il y a le cas de valeureux Moudjahid, patriote, ayant sacrifié toute sa vie pour notre bien-être qui croupit en prison pour avoir osé protéger les siens.
Durant la décennie noire, si je pouvais encore aller au lycée chaque matin, c’est parce que des hommes comme Mohamed Gharbi avaient passé la nuit à risquer leur vie.
Si je pouvais encore jouer au foot chaque vendredi matin, c’est parce que des hommes comme lui sacrifiaient leur week-end pour nous protéger.
Aujourd’hui, après 200 000 morts et près de 20 000 disparus, nous ne sommes que quelques centaines à exiger sa libération.
Aujourd’hui, après 200 000 morts et 20 000 disparus, les patriotes et autres GLD, sont obligés de manifester et de se faire tabasser par des CRS. Eux obtiennent des miettes comparé à ce qu’ont obtenu ceux-là même qu’ils avaient combattus et empêché de tuer encore plus d’Algériens, ou d’égorger de jeunes appelés.
L’insupportable est que certains égorgeurs de jeunes appelés, ceux qui ont les mains tâchées de sang et des milliers de morts sur la conscience, se permettent aujourd'hui de dire qu’ils sont contre la libération de Mohamed Gharbi !
Alors, je dis que la vraie question est : Comment se taire pour Mohamed Gharbi ?
Par lâcheté ou par indifférence. Mais les deux risquent d’être aussi fatales l’une que l’autre pour notre jeune nation.”
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Apparemment,Monsieur Menadi reproche aux algériens leur "indifférence" voire leur "lâcheté" devant le cas du "Patriote" Mohamed Gharbi.Ils ne seraient en effet quelques centaines d'activistes essentiellement sur Facebook et quelques dizaines d'activistes "physiques" qui font des sit-in de temps en temps.Pour une affaire qui a bénéficié d'un tapage médiatique monstre de la part des principaux journaux francophones c'est peu,voire insignifiant.On peut même dire que le nombre d'articles de journaux en faveur de sa libération est plus grand que celui des sympathisants "virtuels" ou "réels".
Mais avant de commencer à expliquer les raisons de sa sympathie pour M.Gharbi et de reprocher aux autres leur "indifférence" ou leur "lâcheté",il aurait mieux fait de commencer par nous expliquer les motivations réelles qui ont poussé M.Gharbi à s'engager dans les milices armées par le pouvoir.
On peut dire que,d'une façon générale,les membres des milices dites des "patriotes" se divisent en trois catégories.La première est celle des pauvres bougres qui ont rejoint ces milices après avoir reçu des menaces(tout comme dans l'autre camp,il y a des gens qui ont rejoint les groupes islamistes armés pour échapper aux représailles contre les civils de l'armée ou des "patriotes" après un attentat près de leur domiciles).La seconde catégorie est celle des opportunistes toujours prompts à servir le puissant du moment.Les gens de cette espèces sont de véritables girouettes qui étaient "sympathisants" du FIS quand ce dernier étaient aux portes du pouvoir,"Zeroualistes" quand Zeroual étaient président et bouteflikistes depuis que bouteflika est au pouvoir.Il y a enfin une dernière catégorie, celle des nostalgiques de l'Ere du Parti Unique et des années de plomb du Boumediennisme,tout comme il y a aujourd'hui encore des nostalgiques du franquisme en Espagne ou de Pinochet au Chili.Cette dernière catégorie de militants du FLN n'a jamais pardonné à Chadli d'avoir démantelé le Parti Unique après les émeutes de 1988,et d'après le protrait-type qu'on peut tirer des comptes-rendus de la presse sur sa personnalité,Mohamed Gharbi tout comme Zidane El Makhfi et bien d'autres chefs de milices,fait partie de cette dernière catégorie.Ce sont des gens qui ne se sont battus ni pour la préservation du pluralisme,ni pour les droits de l'homme(au contraire,certains d'entre eux comme El Makhfi n'ont éprouvé aucune gêne à siéger à l'APN grâce à une fraude électorale massive digne de l'ere Naeglen de triste mémoire, sous les couleurs du RND,le parti des thuriféraires du pouvoir,des opportunistes et des arrivistes),mais pour retourner à l'époque benie de Boumedienne où le pouvoir était craint.D'ailleurs,d'après un reportage du journal Liberté datant du 28 juin 2009,Mohamed Gharbi,au moment de l'assassinat de A.Merad,tenait dans une main une kalachnikov et dans l'autre une photo de Boumedienne.Mieux encore,toujours selon Liberté,il aurait du fond de sa prison ordonné à ses enfants de voter pour ....Abdelaziz Bouteflika,lors des élections présidentielles:"Il m’a dit que nous sommes FLN, nous devons voter pour le candidat du FLN Abdelaziz Bouteflika”,ce qui montre bien que M. Gharbi n'a que faire de l'alternance au pouvoir,de démocratie,de changement de génération et tutti quanti chèrement défendues par Monsieur Amine Menadi.Pour lui,il fallait soutenir le candidat choisi par les tenant du pouvoir même à son corps défendant.Point barre.
Enfin,si Amine Menadi est tellement intéressé par la cause des victimes du système judiciaire algérien,pourquoi ne regarderait-il pas du triste sort réservé aux deux accusés dans l'affaire Matoub Malik Medjnoun et Abdelhakim Chenoui détenus sans jugement depuis ....12 ans (un record mondial absolu!).Mais,malheureusement pour eux,leur cause ne fait partie des "bonnes" causes à défendre ni pour la presse "indépendante" ni pour les activistes facebookistes du dimanche (ou plutôt du vendredi).

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