dimanche 11 mars 2012
Boukrouh,encore et toujours
N.Boukrouh revient à la charge,toujours dans le Soir d'Algérie(dimanche 11 mars 2012) dans une "reflexion" intitulée "les valeurs et les nations".Cette fois,je ne vais pas m'évertuer à répondre point par point à ses élucubrations,mais de relever une grossière erreur dans sont article.Une erreur qui pourrait sembler de prime abord très mineure,mais qui en fait détruit tout son laborieux argumentaire.En effet,N.Boukrouh écrit dans son article après avoir énuméré ce qu'il considère les valeurs de l'occident "Si on avait besoin d’une caution islamique pour admettre ce raisonnement, il n’y aurait a pas de meilleure que celle provenant du Prophète qui a dit : «Un Etat croyant mais injuste ne peut pas durer ; un Etat incroyant mais juste peut durer.»".Le problème,c'est que cette citation n'est pas un hadith du Prophète(saws).En fait son véritable auteur n'est autre qu'Ibn Taymiyya,père fondateur du salafisme et bête noire de Noureddine Boukrouh!Poussant le ridicule encore plus loin,il écrit quelques paragraphes plus loin:"maginons le Prophète revenu incognito parmi nous, et répétant devant un auditoire islamiste ce qu’il a dit dans le hadith cité plus haut. Il serait excommunié sur-lechamp".Non monsieur Boukrouh,Ibn Taymiyya l'a dit sans qu'il ait été excommunié sur-le-champ,et ces paroles continuent d'être répétées jusqu'à aujourd'hui (il suffit de taper ces mots sur internet pour le vérifier)le plus souvent avec approbation y compris par les salafistes les plus obtus.Une telle erreur serait restée sans réelle conséquence si l'auteur n'avait pas bâti tout un argumentaire en réalité dénué de toute methodologie,sur ce pseudo-hadith.Tentant d'expliquer ce "hadith" l'auteur a recours au fameux livre de l'égyptien Rifaa Tahtawi "l'or de Paris",un livre qui n'a d'un point de vue académique qu'un intérêt purement anthropologique(le premier contact entre un cheikh azharite et la civilisation occidentale moderne)et non théologique ou philologique:"nous allons laisser parler un alem impartial, je veux dire étranger au débat apparu depuis plus d’un siècle sur l’islam et la modernité ou l’islam et la laïcité. Méhémet Ali, le père de l’Égypte moderne, a envoyé en formation en France au début du XIXe un groupe de trente étudiants égyptiens encadrés par un cheikh d’Al-Azhar, Rifâat At-Tahtaoui. La délégation vécut à Paris entre 1826 et 1831, années pendant lesquelles le cheikh apprit le français et s’attacha à étudier les valeurs de cette nation occidentale. De retour en Égypte, il a écrit un livre au long et poétique titre qu’un traducteur, Anouar Louca, a eu la bonne idée de ramener à trois mots, L’or de Paris. On y lit : «Ce qu’ils appellent la liberté et qu’ils désirent est exactement ce qu’on appelle chez nous la justice et l’équité… Le principe constant dans la vie française, c’est une recherche de la beauté, non le faste, l’ostentation des richesses et la vanité… La persévérance des Français à nettoyer leurs maisons et leurs vêtements est une chose extraordinaire… Le théâtre chez eux est comme une école publique où s’instruisent le savant et l’ignorant… » Ce qu’il convient de noter avec attention, c’est que, selon le cheikh, la «liberté» chez les Français équivaut à la «justice» et à «l’équité» dans l’islam. On est donc fondé à en déduire que le terme «juste» employé par le Prophète dans le hadith a le même sens que «liberté» et «équité»".Donc,selon le raisonnement de N.Boukrouh,Tahtawi dit que ce que le mot "Liberté" équivaut chez les français au mot "équité" et "justice"(ce qui est évidemment à démontrer,Tahtawi a-t-il lu durant ses cinq ans de séjour ce qu'ont écrit Rousseau,Locke,Voltaire,Toqueville et bien d'autres auteurs européens sur la liberté pour en saisir le sens exact?probablement pas),donc,le mot "liberté" équivaut à "justice" dans notre pseudo-hadith.Lamentable.Pour le reste,rien de nouveau,toujours cette tendance à noircir le trait jusqu'à l'exagération pour paraitre profond à défaut d'être cohérent.
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